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1. Enjeux économiques 

Pour qu’une énergie soit durable, il faut, dans une société régie par l’économie, qu’elle soit rentable. Si les hydrates de méthane sont une ressource potentielle au niveau énergétique, ses retombées économiques, quant à elles, sont incertaines. L’exploitation de ce gaz non-conventionnel et son utilisation à l’ avenir sont encore trop de facteurs inconnus pour en envisager une distribution commerciale. Aujourd’hui, aucun site industriel d’exploitation de l’hydrate de méthane n’a encore vu le jour. A titre d’essai, certains pays comme le Japon prévoient des exploitations à court terme sur leur territoire (le Japon possède des hydrates de méthane sur ses littoraux). Mais pour que l’hydrate de méthane soit rentable, les difficultés dues à son extraction font que les états, s’ils venaient à le commercialiser, ne pourraient rembourser leurs frais que sur le long terme. Quatre autres pays envisagent actuellement l’exploitation de cette énergie potentielle, à savoir les Etats-Unis (qui en ont sur leur territoire), le Canada, l’Allemagne et l’Inde ; ils voient les hydrates de méthane comme un outil de prospérité économique, à l’heure ou la crise bat son plein. La France, quant à elle, prévoit une éventuelle exploitation d’hydrate de méthane à l’aube du XXIIème siècle.

On estime les réserves actuelles d’hydrate de méthane sur la planète à plus de 190 milliards de mètres cubes, soit environ 10 fois les réserves actuelles de gaz conventionnel. 1 mètre cube de cette « glace qui brûle » correspondant à une production environnant les 170 m³ de méthane, ces réserves pourraient ainsi produire plus de 32 300 milliards de mètres cubes de méthane, soit un approvisionnement énergétique mondial pendant plus de 400 ans. ​


Actuellement, la seule exploitation commerciale – bien que non-intentionnelle – d’hydrates de méthane se trouve en Sibérie, dans la réserve de Messoyakha. L’histoire est d’ailleurs assez étonnante : en 1967, alors que des ingénieurs Russes s’aventuraient à pomper du gaz naturel dans les champs du Messoyakha, ils découvrirent que ce gaz ne remontait pas seul ; il était mélangé avec de l’hydrate de méthane. Les scientifiques ont d’abord supposé que cette substance nouvelle était située en dessous du gaz naturel, et qu’ils avaient foré trop bas. Mais très vite, il s’est avéré que cette réserve d’hydrates de méthane se trouvait au-dessus de celle de gaz naturel et qu’il s’infiltrait dans la réserve par des fissures causées par le forage. Ainsi, quand l’intégralité du gaz naturel fut exploitée, ces scientifiques Russes purent extraire l’hydrate de méthane. Cette extraction continue aujourd’hui. Le méthane en résultant n’ayant pas été extrait de façon intentionnelle, son prix est comparable à celui du gaz naturel : environ 95 centimes d’euros par litre, contre 75 pour le gaz naturel. Il est toutefois important de noter que ce prix devrait augmenter considérablement lorsqu’une méthode plus complexe et fiable d’extraction d’hydrate de méthane sera mise en place (cette méthode d’extraction classique ne marche que dans ce cas).


En prenant compte de la situation économique mondiale, le Japon est actuellement le pays dont le besoin en hydrates de méthane est le plus imminent. En exploitant ce gaz non-conventionnel, le Japon importerait moins de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) et réduirait ainsi sa facture énergétique annuelle.

Graphique montrant les quantités moyennes de GNL importées par an dans 21 pays,

en milliards de mètres cube 

Le graphique ci-dessus rend clairement compte de la situation énergétique du Japon. En effet, l’archipel importe en moyenne 93 milliards de m3 de GNL par an, alors que le deuxième importateur mondial, la Corée du Sud, n’en importe « que » 44, soit 49 milliards de m3 d’écart. D’autres pays, comme la France ou les Etats-Unis, importent beaucoup moins de GNL (respectivement 14 et 12 milliards de m3 par an), notamment grâce à leur potentiel nucléaire.


Par conséquent, en important moins de GNL, le Japon obligerait les pays qui le produisent a s’orienter vers de nouveaux marchés pour combler leurs pertes, notamment le marché Européen (qui n’a pas autant de ressources en hydrates de méthane). Ainsi, le cours du GNL baisserait en Europe, grâce à l’exploitation des hydrates de méthane au Japon. Cet exemple illustre à quel point les politiques économiques et énergétiques mondiales sont inter liées entre elles.


Aussi, notons qu’économiquement le pétrole n’est, sur le long terme, pas rentable. Le graphique ci-dessous montre l’évolution du prix du baril de pétrole en Dollars, entre 1970 et 2011. Il permet de souligner deux caractéristiques importantes de cet « or noir ». Dans un premier temps, l’augmentation considérable de son prix au fil du temps. En 2000, le baril de pétrole valait 30 Dollars ; en 2011 il en valait 90. En somme, cela représente une hausse de 60 dollars, soit une augmentation de 200% en 11 ans. Notons qu’avec la raréfaction de cette ressource terrestre, le prix ne fera qu’augmenter...de plus en plus rapidement ! Le prix du pétrole augmente tellement vite qu’à l’heure actuelle, il est devenu une source d’investissement : beaucoup de personnes achètent des barils de pétrole pour pouvoir les revendre ensuite plus cher. Le pétrole est donc une ressource qui atteindra un jour des prix exorbitants. Ce graphique nous montre dans un deuxième temps l’instabilité économique de cette ressource énergétique.  En 2008, le baril de pétrole a vu son prix atteindre les 145 Dollars en une journée, un record. Dans les années 1970 déjà, deux chocs pétroliers (en 1973 et en 1979) annonçaient les prémisses de l’instabilité du pétrole. L’augmentation brutale du prix du baril en 2008 nous l’a rappelée.

Graphique montrant l’évolution du prix du baril de pétrole en Dollars entre 1970 et 2011

En conclusion, les hydrates de méthane pourraient représenter un avantage économique considérable à l’échelle mondiale. Certains pays, comme le Japon, voient en eux un moyen d’échapper à leurs importations faramineuses et les coûts qu’elles impliquent. Alors que la production électrique de notre société industrialisée explose, le pétrole dévoile aujourd’hui ses faiblesses, notamment sa non-rentabilité sur le long terme, à cause de son instabilité et de sa raréfaction sur la planète. L’hydrate de méthane, lui, ne pose pas ce problème à court et moyen terme ; ses réserves mondiales sont estimées à plus de 10 000 milliards de tonnes, soit le double des réserves de pétrole, de gaz naturel et de charbon réunies. La seule crainte économique qui plane actuellement sur cette énergie potentielle est son coût d’exploitation et de distribution qui restent inconnus, aucune exploitation concrète d’hydrate de méthane n’ayant été faite jusqu'à présent. Toutefois, le Japon prévoit une première série d’essais en mars 2013.

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